Partie de rien en 1830, Chicago a longtemps figuré comme l’une des villes les plus dynamiques des États-Unis. De la Columbian World’s Fair de 1893, quand Chicago se rêve une ville blanche et revendique son rang de grande métropole, à l’exposition A Century of Progress de 1934 qui vise à asseoir son insolente modernité prennent place une série de transformations déterminantes. La rivière voit son cours remodelé et permet ainsi le développement du « Loop », ce quartier d’affaires et de commerces qui constitue le cœur même de la ville. Mais ce centre manque d’espace constructible, il va falloir bâtir sur les énormes voies de chemin de fer qui ont fait sa prospérité, bref inventer du terrain à bâtir. Le sol se complexifie alors en un socle parcouru par toutes sortes de réseaux superposés. Ainsi naissent les rues à étages que bordent des édifices aux caractères novateurs, proposant des cohabitations d’activités inattendues, véritables édifices hybrides. Une telle mixité d’occupation requiert des prouesses d’invention structurelle que seule l’alliance d’ingénieurs et d’architectes permet. Ces travaux de voirie, d’urbanisme et d’architecture anticipent les transformations advenues depuis lors dans d’autres villes, notamment européennes, y compris en ce XXIe siècle.
Ce livre a reçu le prix de La ville à lire en 2010.