Outre les romans et poèmes licencieux, la musique sensuelle et les danses voluptueuses, il existe une iconographie érotique, décuplée par les nouvelles techniques, photographie, cinéma ou images de synthèses… Mais qu’en est-il de l’architecture ? De tous les arts, serait-il le seul exempté de l’emprise des corps ? Véritable paradoxe si l’on considère que l’architecture, prolongement du corps, est la scène privilégiée où se jouent les petits drames de nos vies intimes. Pourquoi l’habitat n’offre-t-il essentiellement que le visage raisonnable soumis au diktat de la fonction, de la technique et de l’économie ? À l’aide de nombreux exemples, cet essai à mi-chemin de l’anthropologie et de la théorie architecturale se propose non seulement de raviver l’émotion esthétique émoussée par une telle orthodoxie mais aussi d’explorer les structures érogènes des bâtiments, l’architectonique du désir tout comme le théâtre des plaisirs. Militant pour une architecture incorporant toute la palette des sens et faisant fi du bon goût castrateur, l’auteur décrypte les réalisations et projets, anciens ou contemporains, dans lesquels la fonction d’habiter se conjugue avec l’hédonisme. Cette relecture de l’espace architectural, plus souvent anodin que monumental, met au jour un patrimoine toujours affleurant de formes capricieuses et fantasques qui font de l’architecture un art de la séduction.