Refusant a priori toute définition préconçue de la critique architecturale, cet essai propose de parcourir certains moments clés de ses reconfigurations au cours du XXe siècle, de ses crises successives, de la remise en question de ses instruments, de ses critères, de son périmètre, de ses relations frontalières avec d’autres types de discours sur l’architecture. Il s’agit notamment des débats des années 1930 sur les différences irréductibles entre critique d’art et d’architecture, de ceux du second après-guerre sur les rôles respectifs de l’histoire, de la théorie et de la critique dans l’enseignement de l’architecture aux États-Unis, ou, dans les années 1960, des discussions sur la possibilité d’une théorie « scientifique » pour l’architecture et sur le rôle de la linguistique dans la critique architecturale. Après un état des lieux des positions et des controverses relatives à la critique, marquées par des figures comme Reyner Banham, Michel Ragon, Peter Collins ou Manfredo Tafuri, la deuxième partie de l’ouvrage revient sur sa double origine, dans la théorie de l’architecture et de l’art. La critique architecturale n’est-elle qu’une variante de la critique d’art ? Au fil du XXe siècle, dans quelles conditions a-t-elle pu être considérée comme un discours interne au domaine de l’architecture, entendue comme discipline autonome ?
Et, au-delà, de quelle puissance critique l’acte architectural lui-même a-t-il pu être investi ?