Que savons-nous de l’Europe de l’Est, de ses utopies et idéologies artistiques qui ont puissamment contribué à forger les identités nationales de ses pays : la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie ou la Yougoslavie ? Dans cet essai historique sur les avant-gardes artistiques et architecturales hongroises, tchèques, polonaises et yougoslaves des années 1920-1930, Andrzej Turowski met en évidence leur unité et leurs spécificités culturelles. Réunis dans un même élan, ces mouvements assignent à l’« artiste–producteur » la mission de « bâtir le monde » mettant la relation art/architecture au centre de leur propos.
Le livre dresse une cartographie fine des différents mouvements (constructivismes, suprématisme, etc.) et de leurs divergences nationales, voire locales. Il inscrit l’art de ces pays dans la vaste perspective des évènements internationaux de l’art du XXe siècle et lève le voile sur des situations occultées par la guerre froide.
Outre un tableau synchronique inédit des courants artistiques tchèques, hongrois, polonais ou yougoslaves, l’auteur propose une étude détaillée de leurs esthétiques, complétée par une analyse diachronique des idéologies de ces avant-garde révélant leur glissement dans les années 1930 vers la recherche d’un art et d’une architecture à caractère national. L’exemple de l’architecture polonaise de cette période, sur laquelle se conclut l’ouvrage, illustre brillamment le phénomène.