Pour quelles raisons la revendication sur l’habitat est-elle absente des discours des organisations politiques et syndicales ? Voilà la problématique que propose cet ouvrage qui s’intéresse à la place du logement dans les luttes menées par le mouvement ouvrier français, depuis le milieu du XIXe siècle jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
Cette investigation se décline sur plusieurs thèmes : la figure honnie du propriétaire et le rôle déclencheur du prix des loyers dans les émeutes populaires au XIXe siècle, l’appropriation de l’espace public par les classes les plus défavorisées, leur marginalisation progressive des centres-villes et le problème des « mal-lotis ». L’ouvrage débute par un essai de Michelle Perrot qui retrace le refus obstiné de la population ouvrière de se voir rejetée en périphérie et, de la sorte, exclue de la ville. Cette volonté de rester au centre prime sur toute autre considération, notamment sur la qualité du logement. Passé les années 1920, le phénomène change de nature. En banlieue, les lotissements bouleversent les équilibres ancestraux et donnent naissance à la ceinture rouge. Annie Fourcaut et Jacques Girault analysent les comportements des municipalités communistes confrontées au problème des mal-lotis. Roger-Henri Guerrand s’emploie à retracer le contexte idéologico-politique dans lequel évoluait le mouvement ouvrier à cet égard et la montée du « propriétarisme ».