« Ornement et Crime », La Charte d’Athènes, Learning from Las Vegas, New York Délire… Autant de titres qui marquent la culture du XXe siècle. La lecture de Loos par Broch ou Debord, tout comme la part prise par les écrits de Venturi dans la définition du postmodernisme attestent de la place occupée par les architectes dans le débat intellectuel.
L’écrit de l’architecture garde un statut ambigu qui le marginalise souvent. Il apparaît soit trop spécialisé, soit pas assez. Peut-être cette ambiguïté tient-elle à son origine même. L’écriture de l’architecture occupe presque toujours une place seconde : elle accompagne souvent le bâtiment, l’image ; à tout le moins, elle semble trouver sa légitimité dans cette autre activité – fondatrice – qui la précède et la dépasse. Comment pourrait-elle vraiment en rendre compte ? Se mesurer à elle ?
Du silence de l’architecture, l’écriture dégage un discours, dans un langage accessible à tous, et d’autant plus efficace. Par la plume, l’architecture reconfigure l’espace idéologique, comme il redessine l’espace par ses plans. Peut-être même la découpe physique de l’espace ne se fait-elle vraiment que sur le fond d’une installation première dans le monde partagé des mots et des valeurs. Pour reprendre le fameux jeu de mots pascalien, l’écriture finit par comprendre l’architecture, la faisant dialoguer avec les discours et les savoirs de son temps.
Auteurs : Marc Bédarida, Thomas Clerc, Jean-Louis Cohen, Michel Collomb, Emmanuel Guy, Pierre Hyppolite, Guillemette Morel Journel, Emmanuel Rubio, Yannis Tsiomis, Frédérique Villemur, Chris Younès.