Les Passions Le Corbusier renvoient à la fois à l’œuvre et aux déclarations passionnées de l’architecte, mais aussi – comme en témoigne ce livre offrant des opinions contrastées et originales sur cet éminent artiste – la virulence ou l’admiration qu’il soulève encore aujourd’hui. En s’attachant volontairement aux contradictions de la pensée de Le Corbusier, les auteurs nous dévoilent ainsi des aspects inattendus du concepteur et de l’idéologue : celui d’un homme d’affaires, dépourvu de pensée économique malgré sa prétention à planifier, celui d’un architecte totalitaire qui voit dans le corps humain un simple prolongement de la machine, celui d’un « moderne » profondément marqué par le socialisme utopique du XIXe siècle. Ainsi, en traitant du problème du logis, Jean-Paul Flamand replace utilement les déclarations de Le Corbusier sur le « nouveau contrat social » et sur l’intervention de l’État, dans le cadre économique de la crise du logement de l’entre-deux guerres. Ce sont également des thèmes aussi fondamentaux que l’harmonie, la mesure, le standard, ou encore le rapport à l’histoire de cet architecte qui sont ici explorés. À travers cette somme d’essais apparaissent les articulations d’une pensée complexe, aux antipodes des visions simplificatrices souvent attribuées à cette figure majeure de l’architecture du XXe siècle.