La ville correspond à ce que Benjamin appelle un Spielraum, un espace de jeu mais aussi une marge de manœuvre. Celle de moments cruciaux du passé exploités avec le procédé de l’actualisation pour leur donner une vie nouvelle. Avec une lucidité admirable, Hannah Arendt rendait hommage à son travail : « Ce penser, nourri de l’aujourd’hui, travaille avec les “éclats de pensée” qu’il peut arracher au passé et rassembler autour de soi. Comme le pêcheur de perles qui va au fond de la mer, non pour excaver et l’amener à la lumière du jour, mais pour arracher dans la profondeur le riche et l’étrange, perles et coraux, et les porter, comme fragments, à la surface du jour, il plonge dans les profondeurs du passé, mais non pour le ranimer tel qu’il fut et contribuer au renouvellement d’époques mortes. » De ce pêcheur de perles, cet ouvrage examine les travaux sous quatre approches conçues comme des fragments. La première s’intéresse aux processus de l’association et de l’analogie, tout comme ceux de l’imagination et du rêve. La deuxième traite des mondes oniriques du XXe siècle. La troisième permet d’aborder l’architecture dans une perspective interdisciplinaire en tant qu’interface critique entre la masse et l’individu. La dernière partie explore des notions ou des procédures propres à Benjamin, depuis l’aura et la reproductibilité mécanique jusqu’à ses méthodes de montage textuel et sa théorie d’une technologie « seconde ».