Suburbia, une utopie libérale

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Employé par les Ango-Saxons pour désigner l’urbanisation en périphérie des grandes villes, le terme suburbia recouvre de nouvelles formes urbaines inventées pendant le siècle et demi passé. Mégastructure, zone piétonne, impasse résidentielle, enclave, dalle urbaine, superblock, centre multifonctionnel et village urbain y sont nés. Il ne s’agit pas d’un événement subi, imprévu, voire catastrophique. Ce qu’on appelle, improprement, « étalement urbain » cache une utopie – d’inspiration libérale – obstinément entretenue au long des aléas de l’histoire urbaine du capitalisme : l’avènement d’une « démocratie de propriétaires ». Imaginée à la fin du XVIIe siècle, elle s’est peu à peu réalisée à travers la colonisation des campagnes par les citadins, au cours de laquelle se sont inventées les formes urbaines de la dispersion.

En construisant des infrastructures de transports rapides et en favorisant l’accession à la propriété des citadins, l’État-providence a joué un rôle décisif dans cette conquête. Si ce dernier est actuellement en crise, cela résulte notamment du succès de la suburbanisation. Car démocratiser l’accès au patrimoine immobilier, c’est développer une société civile de citoyens-propriétaires bien organisée, plus adepte de l’entre-soi, donc moins désireuse des protections et solidarités assurées par la puissance publique.

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Parution
Juin 2013
Nombre de pages
160 pages
Intérieur
118 illustrations en noir
Format
170 x 240 mm
ISBN
978-2-915456-77-6