Superarchitecture constitue la première somme historiographique consacrée aux mouvements internationaux de l’architecture dite « critique », « négative » ou « radicale » du second XXe siècle. Après guerre, l’aspiration des avant-gardes à une architecture du futur se fracasse contre la médiocrité esthétique et le fonctionnalisme primaire de la Reconstruction. Une crise durable affecte alors la discipline : l’architecture a-t-elle encore un futur ? Mais qu’est-ce, au fond, que l’architecture ? Autour des Smithson, d’Hans Hollein, les courants qui émergent cherchent de nouvelles réponses du côté de l’idée de produit, de mode, de fiction, de média ou de la technique. Surgit une nouvelle utopie : la mégastructure, hybride colossal croisant architecture, urbanisme et ingénierie. Mais l’engouement des métabolistes japonais, de Yona Friedman ou d’Archigram pour ces grandes machines censées résoudre les problèmes à l’échelle planétaire est progressivement mis en crise par l’architecture radicale. Avec Archizoom ou Superstudio, l’architecture ne vise plus le progrès social ou le bonheur humain mais la révélation du monde existant, dans ses aspects éventuellement négatifs. L’utopie critique de ces projets et la puissance évocatrice de leurs représentations irriguent intensément l’architecture contemporaine, de Rem Koolhaas à Dogma.
Voir la conférence de Dominique Rouillard, « Superarchitecture », à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine à Paris, le 12 juin 2008
https://www.citedelarchitecture.fr/fr/video/superarchitecture
