L’auteur examine la tradition anti-urbaine aux États-Unis, apparue dès l’arrivée des premiers pionniers et l’installation des communautés. Longtemps considéré comme un paradis, le Nouveau Monde offre de l’espace et de la nature à revendre. Lorsque les premiers effets de l’industrialisation apparaissent, les poètes transcendentalistes comme Emerson ou Thoreau voient dans un retour à la nature et à la vie sauvage la seule manière de renouer avec la vraie tradition américaine, celle du pionnier.
Depuis le XVIIIe siècle, nombre de philosophes, penseurs ou prêcheurs dénoncent l’importation inopportune de la ville, cette chose typiquement européenne. Au début du XXe siècle, les architectes et urbanistes relaient cette critique. Le grand architecte américain Frank Lloyd Wright prône de déserter les villes pour renouer avec les bases agraires originelles de la civilisation américaine. Il voit dans la démocratisation de l’automobile l’outil qui va permettre la fuite hors de la ville, loin de toute concentration. L’encouragement à résider sur de lointains terrains vierges est maintenant le mode dominant de la croissance urbaine. Ce phénomène porte plusieurs noms : périurbanisation, étalement urbain, suburbanisation. Phénomène qu’illustre parfaitement Los Angeles. Au point que certains analystes la considèrent comme une aberration, l’exemple même des gaspillages contemporains.