Rien ne prédisposait Varian Fry à l’héroïsme. Fils de bonne famille éduqué à Harvard et envoyé en reportage à Berlin en 1935, le journaliste découvre le nazisme et les persécutions contre les juifs. Son destin est scellé. En 1940, avec le soutien de la première dame des États-Unis, Eleanor Roosvelt, et le musée d’Art moderne de New York, il forme le Centre américain de secours, dont le but est de sauver deux cents artistes et intellectuels piégés dans la zone libre. Envoyé à Marseille en août 1940, expulsé en septembre 1941, il aura sauvé près de deux mille personnes. Sur place, il noue des contacts avec tous ceux qui courent de grands dangers. Il y a Victor Serge, romancier, trotskiste. Il y a André Breton. Il y a les peintres Max Ernst, Hans Bellmer, Marcel Duchamp, Victor Brauner, Marc Chagall. Il y a les écrivains Golo Mann, Franz Werfel, Benjamin Péret. Il y a les philosophes Hannah Arendt, Claude Lévi-Strauss, Anna Seghers. Il y a Otto Meyerhof, prix Nobel de médecine. Il y a Wanda Landowska, la claveciniste. Pour les héberger, Varian Fry loue une vieille bastide en marge de la ville, la villa Air-Bel. La maison ayant été détruite en 1982, les auteurs s’emploient, tant par le récit que par le dessin, à une restitution, en nous livrant les coulisses de cette recherche menée avec des étudiants en architecture.